Hans Joachim Marseille
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Hans Joachim Marseille
Lorsque l’on interrogea Adolph Galland, inspecteur de la chasse de 1941 à 1945, l’avis est sans ambages « Marseille fût le plus grand ! ». Nul doute que sa carrière se serrait poursuivie, sans l’accident qui lui coûta la vie.
Hans-Joachim Marseille, c’est avant tout une personnalité très attachante mais doublée d’une complexité certaine. En tant que pilote, il était servi par une agressivité et des dons quasi miraculeux qui en firent un phénomène d’exception dans la chasse. Sa carrière fût avant tout la résultante d’une maîtrise totale du pilotage et du tir, doublé d’une acuité visuelle hors normes.
Ces qualités en firent un chasseur jamais vu sous aucun front qu’aucun pilote ne pouvait imiter.
Hans-Joachim naquit dans l’élégant quartier berlinois de Charlottenbourg, le 13 décembre 1919, il est le fils du Major Siegfried Marseille, officier d’active d’infanterie, qui sera mis à la retraite l’année suivante, mais reprendra du service dans la police berlinoise. Comme son nom l’indique, la famille Marseille, tout comme Galland, est d’origine française. Leurs ancêtres proviennent d’une famille huguenote installée à la fin du XVIIe siècle dans le Brandebourg où le grand électeur Frédéric-Guillaume accueillit plusieurs dizaines de milliers de Français émigrés à la suite de la révocation de l’Edit de Nantes.
C’est dans le quartier de Schöneberg, au Gymnasium Prinz-Henrich que le jeune « Jochen est admis en 1930, quelque peu perturbé par le divorce de ses parents survenu quelques années plus tôt.
Bien que très chahuteur, c’est un très bon élève, en 1937 il obtient son diplôme de bachelier et choisi d’embrasser la carrière d’officier d’active dans la Luftwaffe. Son père, entre temps réintégré dans la Heer en 1935 en tant que colonel dirigeant le Wehrbezirkkommando (subdivision militaire) de Brême N°II, lui donne son indispensable accord.
Depuis le rétablissement de la circonscription en Allemagne, le jeune Marseille, se doit d’effectuer une période obligatoire dans le service du travail (RAD), ce dont il s’acquitte de mars à août 1938 dans le nord de l’Allemagne. Puis il rejoint la Luftwaffe le 7 novembre 1938 en tant qu’Offiezierbewerber, à 18 ans et demi, il fait ses classes. Selon un processus bien rodé, il est nommé Fahnenjunker (élève-officier) après quatre mois le 13 mars 1939 . Il rejoint la Luftkriegsschule de Fürstenfeldbruck, près de Munich.
Le 1er novembre 1939, alors qu’il es déjà titulaire du brevet de pilote au grade de sergent élève-officier, Marseille est promu Fähnrich (Sous Aspirant ayant grade se sergent) et affecté à la Jagdfliegerschule de Vienne-Schwechat afin de s’y voir dispenser une formation complète de chasseur. Ses dons de pilote et son mordant ne passeront pas inaperçus. Il n’en demeure pas moins d’une sensibilité à fleur de peau et est prêt à tout pour susciter l’admiration y compris en mettant à mal la discipline.
Au début de l’été 1940, après vingt mois de formation, Marseille est affecté à Mersbourg en Saxe, dans une groupe de chasse de recomplètement (Ergänzungs-Jagdgruppe) ayant pour mission la protection des usines Leuna.
Le 10 août 1940, les choses sérieuses s’engagent. Il se retrouve en première ligne à la 1ere escadrille du Jagd/Lehrgeschwader 2 engagé sur le front de la Manche dans le cadre de l’initiation de la bataille d’Angleterre. Son terrain est celui de Calais-Marck, son groupe est alors attaché à l’état-major de la JG52.
Le 24 août, lors d’une première rencontre avec l’ennemi son Bf. 109 E-7 s’oppose à un Hurricane MkI. Il démontre des qualités égales au pilote anglais expérimenté qui lui fait face, mais sa capacité de réaction plus rapide fait la différence ; il sort vainqueur d’un combat tournoyant en l’espace de quatre minutes. A son retour, il confie : « Je ne l’ai pas fait de gaité de cœur. ». Sa hiérarchie lui fait vertement comprendre qu’une telle sensiblerie n’est en aucun cas de mise ! Sa seconde victoire est obtenue lors de sa deuxième sortie et la croix de fer de 2e classe viens récompenser ses efforts le 9 septembre. Encore deux succès supplémentaires et le 17 c’est celle de 1ére classe qui lui est épinglée.
On se rend compte alors de ses capacités hors normes, doublées d’une audace et d’un engagement tout aussi uniques. Cette indifférence envers la peur n’est pas sans conséquence, il réintègre souvent son terrain avec un appareil criblé de balles. Lors d’une mission, il doit se poser sur le ventre sur la côte même.
Le 29 septembre 1940, au dessus de la Manche, son avion à une brusque extinction du moteur, il doit l’abandonner et se retrouve en mer, obligé de ramer sur son canot pneumatique durant des heures, avant d’être secouru par un hydravion Heinkel 59 du « Seenotdienst ». A bout de forces, au bort de la crise de nerfs, il doit être hospitalisé. A cette époque, son comportement est loin d’être exemplaire et il en fait souvent à sa tête, au regard des ordres qui lui sont donnés. Les punitions qu’il reçoit ne font que renforcer son indiscipline.
Marseille achève la Bataille d’Angleterre avec sept victoire à son tableau de chasse, dont quatre abattues sans témoins et après avoir détruit lui même quatre Bf.109 qui étaient ses propres montures.
Le 24 décembre 1940, le Fähnrich Marseille est muté. Il intègre le 4e groupe de la JG52. Sous commandement d’un futur as, l’Oberleutnant Johannes Steinhoff. Celui-ci, ne voit, en Marseille, qu’un chien fou consacrant trop de temps aux conquêtes féminines. Certes il reconnaît ses qualités, mais toutes importantes qu’elles soient, elles ne peuvent contre balancer la légèreté dont fait preuve le jeune aviateur à ses yeux. Il finit par s’en débarrasser en le faisant affecter à la 3e escadrille du I/ JG 27 le 21 février 1941, stationnée au repos à Döberitz en banlieue berlinoise. En mars, le groupe fait mouvement vers la Lombardie près de Brescia. La situation évoluant dans les Balkans, engendre un retour inopiné sur Graz, en Styrie et la 3e escadrille participe à l’attaque contre la Yougoslavie, dès le premier jour, le 6 avril. Marseille est alors promu Oberfähnrich (aspirant) et dirige une Schwarm (patrouille double de 4 appareils) chargée de la couverture en altitude. Son Emil serra touché par la DCA, mais il réussira à le ramener jusqu'à Graz.
Le 10 avril, mouvement sur Agram (Zagreb en Croatie) puis retour au pays vers l’aérodrome de Munchen-Riem. Le même mois d’avril, voit le I/JG27 gagner le nouveau théâtre d’opération libyen et s’installer sur le terrain D’Aïn al Gazala. La 3e escadrille dirigée par l’Oberleutnant Homuth s’envole de Gela, en Sicile, pour atteindre Castel Benito, en Tripolitaine, où l’équipe de ravitaillement essence demeure introuvable.
Marseille, envoyé aux nouvelles sur son « 13 jaune », un 109 E tropicalisé, doit se poser d’urgence avant même d’avoir pu rejoindre Syrte. Il sera de retour à Gazala le 22 avril dans l’Opel Admiral du général Hellmann !
Les directives du Xe Fliegerkorps auquel appartiens le I/JG27, sont, avec les Stukas, d’attaquer les convois maritimes en Méditerranée et les troupes terrestres sur la Lybie. Le Jagdgruppe du Major Neumann seule unité de chasse présente sur ce front doit assurer leur protection.
Le 23 avril 1941, l’Oberfähnrich Marseille est aux commande d’un nouvel Emil, le « 14 jaune » et se trouve être chef d’une Rotte (patrouille de trois avions) en escorte des Ju87 qui bombardent Tobrouk. Durant la seconde mission de la journée, sept Hurricane du 73e Squadron les engagent et abattent un des 109. Marseille aperçoit deux appareils ennemis en avant et au dessous, il fait un demi tonneau pique et ouvre le feu… Le Hurricane tombe en spirale. C’est son premier succès en terre africaine. Au soleil couchant, lors de la troisième mission de la journée une parité de 20 Stuka et Bf. 109 prenent les airs. Marseille se fait toucher par un Hurricane du 73 Squadron piloté par un Français, le sous-lieutenant Denis. Il réussis tout de même à rejoindre Gazala, mais son avion doit se poser sur le ventre, percé qu’il est de trente impacts !
28 avril 1941.
Retour dans les cieux de Tobrouk, doté d’une acuité visuelle hors du commun, Jochen repère avant ses coéquipiers un bimoteur Bristol Blenheim du 45e Squadron au décollage. Le bombardier est engagé à 20 mètres de distance et deviens sa 9e victoire, la seconde en Afrique.
1er mai. Encore une escorte Stuka pour le compte du 3e Staffel, elle mobilise huit appareils. La Schwarm basse est dirigée par l’Oberleutnant Homuth, la haute échoit à Marseille. A l’aplomb du fort d’Arcoma, Jochen aperçois avant tous l’ennemi, des Hurricane au nombre de six du 274e Squadron. Il est le premier à les engager et abat deux appareils (ses 10e et 11e victoires).
Mai 1941, c’est le calme avant la tempête de juin. Les Anglais ont terminé les préparatifs de leur contre-offensive en début de mois. Ils aligneront 100 chasseurs composant dix Squadrons, dont un équipé de Curtiss P-40 Tomahawk flambants neufs. Pour sa part, la Luftwaffe ne peut faire face qu’avec 60 Me. 109 et 110 renforcés par 70 chasseurs italiens. Les choses sérieuses s’initient le 14 juin. Au cours d’une mission d’escorte de Stuka sur Tobrouk, l’avion de Marseille, qui entre temps à été promu Leutnant le 1er juin, est copieusement « assaisonné » et moteur touché, le tout frais officier doit atterrir train rentré dans les lignes ennemies, ne retrouvant les siens qu’après une longue marche.
Deux jours plus tard, il est de nouveau contraint à un atterrissage forcé. Ne respectant aucune règles de l’engagement aérien, se jetant au beau milieu de l’ennemi pour y semer la panique, il rentre bien souvent avec une machine ressemblant à une passoire.
Les réactions ne se font pas attendre. Le Major « Edu » Neumann dirigeant le I/JG27 après lui avoir tressé des lauriers pour ses victoires d’avril, change radicalement de discours : « Contrôlez vos nerfs ! Ce que vous faites n’est que pure folie ! Vous trichez avec la mort. De plus vous plantez vos zincs dans les sables les uns après les autres. Je sais que vous êtes un bon pilote …. Je préférerai que vous descendiez un adversaire tous les quatre jours plutôt que de revenir avec une machine bonne pour la casse tous les deux jours ! »
Meumann comprends dès lors, que le jeune officier est à un tournant. Soit Marseille deviens un boulet pour ses supérieurs, soit il se transforme en un as de la chasse.
Epaulé par l’Oberleutnant Ludwig Franzisket dirigeant la 3e escadrille, ils savent tout deux tout le potentiel qui est en Marseille. Certes à son arrivée, le dossier peu flatteur de Marseille mettant en exergue son indiscipline et sa vantardise, ne lui valu que méfiance. Mais ses chefs comprennent qu’il a besoin d’être pleinement intégré au groupe et mis en confiance. Cela n’ pas été toujours le cas, son Staffelkapitän, l’Oberleutnant Homuth, n’a pas fait preuve d’une compréhension exemplaire, aboutissant au final à un sentiment de mise à l’écart du futur « Experte ».
Quoi qu’il en soit, Jochen à déjà mis au point sa manœuvre d’attaque qui le rendra célèbre. En consiste essentiellement sur la précision de son tir proche de l’absolue perfection. Revers de la médaille, une prise de risques maximale : alors que les chasseurs ennemis évoluent la plupart du temps en cercle défensif, lui pique une ou deux fois en leur milieu évaluant sa meilleure victime potentielle. La fois suivante, plein gaz, il monte pour réaliser un demi-looping ainsi qu’un demi tonneau ouvrant le feu sur sa victime sur le dos et en virant, jaugeant avec une diabolique précision le point de rencontre des ses rafales et de l’avion ennemi. A cela il faut ajouter une résistance physique peu commune, car bien des pilotes auraient perdu connaissance à la suite de ces manœuvres.
Heureusement pour Jochen, il bénéficie de la bienveillance de Neumann, ce qui va sensiblement jouer en sa faveur au cours de cet été. Le 17 juin en escorte de Stuka du II/St.G.2 ayant pour objectif Tobrouk, il met au tapis deux Hurricane près du col d’Halfaya, ses cinquième et sixièmes succès en terre Lybienne.
Dès lors, passé une permission dans la capitale du Reich, il vas atteindre le sommet de son art et son Messerschmitt devient le prolongement de son bras.
Pendant ce temps, deux Ritterkreuze sont venues récompenser les victoires du I/JG27, elles sont accordées à l’Oberleutnant Homuth chef de la 3e Staffel et le 9 juillet à l’Obertleutnant Redich.
Vingt deux projectiles de 20mm sont seulement nécessaires à Marseille pour s’adjoindre sa 16e victoire en ce 9 septembre 1941, un Hurricane touché au dessus de la baie de Sollum. C’est le même jour et au même endroit que tombe un autre Hurricane du 33e Squadron, portant son total à 17 victoires.
Pendant la période comprise entre le 13 et le 19 septembre, renfort de poids pour le groupe de chasse de Neumann en Lybie, le IIe groupe de la JG 27 fort de ses 141 succès sur le front russe, vient épauler avec ses Me 109 F-4/Top les vieux Emil.
Cette arrivé tombe à pic car dans le même temps, les britannique de la Western Désert Air Force, déploient des Wings (groupes) complets, alors que jusqu’à présent, les allemands n’avaient à faire qu’à de simples escadrilles.
Au matin du 24 septembre, au sud de Gambut, le Leutnant Marseille signe son 19e succès en disposant d’un Maryland appartenant au 24e Squadron sud-africain.
L’après midi même c’est « Freijagd » (chasse libre) et le premier groupe de la JG 27 se retrouve face à face à une nuée de Hurricane provenant du 35 Squadron de la RAAF ainsi que du 1er Squadron de la SAAF. Après avoir formé un Lufbery défensif, la 3e escadrille pique de 6000 m. Au mépris de toute procédure, Marseille engage le combat et ouvre le feu dans des positions inimaginables, s’octroyant au passage quatre nouveaux succès à l’intérieur même d’un cercle défensif allié de plus en plus resserré.
Cerise sur le gâteau lorsque son officier supérieur l’Oberleutnant Homuth lui intime l’ordre de désengagement, Marseille s’en sort sans le moindre impact dans son Me 109. Pour cet exploit, le I/JG27 est cité pour la première fois au communiqué de la Wehrmacht et Marseille d’obtenir les félicitations d’ « Edu » Neumann. »
C’est alors le commencement de la légende, que les Allemands baptiseront « Der Sterne von Afrika » (L’étoile d’Afrique).
Ce sont deux Curtiss Tomahawk appartenant au 2e SAAF et 3e RAAF Squadron, ses premiers, qui tombent à Bir Sheferzen, portant le score de l’as à 25 unités. Si les P40 virent plus sec que les 109, il n’en demeurent pas moins inférieurs en vitesse ascensionnelle ou horizontale.
Alors que le I groupe touche ses 109 F-4 trop à l’instar du IIe groupe qui les possède depuis le 3 octobre 1941, les troupes du Commenwealth se renforcent en masse.
Cela n’empêche nullement Marseille d’obtenir une nouvelle décoration, l’Ehrenpokal, (Ehrenpokal für besondere Leistung im Luftkrieg. Coupe d’honneur pour exploits exceptionnels dans la guerre aérienne) qui gratifie les personnels navigants déjà récipiendaire de la croix de fer de 1ére classe.
Dès lors tout vas très vite. Le 24 octobre, c’est la croix allemande en or qui lui est attribuée, décoration qui lui serra épinglée par son commandant de groupe en présence du Generalfeldmarshall Kesselring.
Pendant ce temps l’adversaire engage l’opération Crusader le 18 novembre, mobilisant un millier de blindés et le même nombre d’avions. Le II/JG27 encaisse la charge des engagement aériens seul, car le I groupe ne serra au complet en Lybie que le 4 décembre, occupé qu’il est à sa conversion en Allemagne du F-4.
Pour fêter sa nouvelle monture, un « Friedrich » flambant neuf arborant le 14 jaune sur ses flancs, Jochen abat un Hurricane du 274e Squadron. Puis entre le 6 et le 8 décembre, ce sont quatre succès supplémentaire qui créditent le score de Marseille à 31 victoires.
Ces succès ne cachent pourtant pas l’avancée irrésistible des troupes britanniques. La JG 27 se replie sur Tmimi et Marseille atteint son 35e succès les 17 décembre au nord de Martubah. Heureusement pour les Allemands le retour du Stab de la JG 27 ainsi que son IIIe groupe, permet à l’escadre d’être à au complet pour la première fois depuis la bataille d’Angleterre.
A Noël 1941, la JG 27 se rassemble près de Syrthe, mais hommes et matériels sont fatigués les rechanges arrivant par voies maritimes étant plus que perturbées, ce ne sont que 18 appareils qui se retrouvent opérationnels sur 70 !
Marseille n’est pas le dernier à en pâtir. A la fin du mois de décembre il doit même être orienté sur un hôpital militaire d’Athènes. Période difficile d’autant qu’il est meurtri par un triste nouvelle, la disparition de sa sœur. De retour à Berlin, il apprendra qu’elle a été assassinée par un amant jaloux.
De retour en Lybie en janvier 1942, il montre encore les traces de sa maladie ainsi que de son affliction et sa jovialité devient forcée.
Dans les premiers jours de février, la JG 27 occupe le terrain de Martubah.
Lors d’un retour de mission le 8 février, juste avant de se poser, la radio crépite dans ses oreilles et lui annonce « Sept Curtiss derrière vous ! ». Il rétracte son train, s’engage sur la gauche et grimpe à grande vitesse. Il neutralise trois Tomahawk au dessus du terrain de Martubah. Non content de ces succès, dans l’après midi, Jochen a la poursuite de Blenheim escortés de trois Squadrons, descend son quatrième Curtiss de la journée portant son crédit à 40 victoires. Il est alors le N°1 en Afrique devant l’Oberleutnant Homuth totalisant 39 victoires.
Le 13 février après quatre succès la veille il touche un Hurricane qui se désintègre si près de lui que des débris endommagent son radiateur et font stopper quelques instant plus tard son moteur.
Heureusement pour lui, il est à une altitude suffisante pour rejoindre les siens en vol plané. C’est alors que vas se produire l’incroyable. Apercevant un appareil ennemi sous lui, il fait son maximum pour reprendre un peu d’altitude ; une poussée sur les pédales, un « S » dédoublé pour avoir suffisamment de vitesse en piqué, une rafale de quelques secondes …. Et le Hurricane se renverse sur le dos et s’écrase. Marseille est de retour à Martubah sans soucis …. Son moteur est toujours calé !
Ses 47e à 50e victoires, Jochen les acquièrent entre le 15 et le 21 février en mettant au tapis quatre nouveaux Curtiss au dessus de Gambut. En fin de journée le 22 février, le maréchal Kesselring en personne, contactant le PC de la I/JG27, informe Marseille que le Führer vient de lui attribuer la Ritterkreuz. Elle lui est remise le 24.
Ce sont deux Curtiss qui mordent la poussière près de Bir el Gobi le 27 février aux environs de midi, ce qui lui permet de bénéficier d’une permission de plusieurs semaines en Allemagne.
Hans-Joachim Marseille, c’est avant tout une personnalité très attachante mais doublée d’une complexité certaine. En tant que pilote, il était servi par une agressivité et des dons quasi miraculeux qui en firent un phénomène d’exception dans la chasse. Sa carrière fût avant tout la résultante d’une maîtrise totale du pilotage et du tir, doublé d’une acuité visuelle hors normes.
Ces qualités en firent un chasseur jamais vu sous aucun front qu’aucun pilote ne pouvait imiter.
Hans-Joachim naquit dans l’élégant quartier berlinois de Charlottenbourg, le 13 décembre 1919, il est le fils du Major Siegfried Marseille, officier d’active d’infanterie, qui sera mis à la retraite l’année suivante, mais reprendra du service dans la police berlinoise. Comme son nom l’indique, la famille Marseille, tout comme Galland, est d’origine française. Leurs ancêtres proviennent d’une famille huguenote installée à la fin du XVIIe siècle dans le Brandebourg où le grand électeur Frédéric-Guillaume accueillit plusieurs dizaines de milliers de Français émigrés à la suite de la révocation de l’Edit de Nantes.
C’est dans le quartier de Schöneberg, au Gymnasium Prinz-Henrich que le jeune « Jochen est admis en 1930, quelque peu perturbé par le divorce de ses parents survenu quelques années plus tôt.
Bien que très chahuteur, c’est un très bon élève, en 1937 il obtient son diplôme de bachelier et choisi d’embrasser la carrière d’officier d’active dans la Luftwaffe. Son père, entre temps réintégré dans la Heer en 1935 en tant que colonel dirigeant le Wehrbezirkkommando (subdivision militaire) de Brême N°II, lui donne son indispensable accord.
Depuis le rétablissement de la circonscription en Allemagne, le jeune Marseille, se doit d’effectuer une période obligatoire dans le service du travail (RAD), ce dont il s’acquitte de mars à août 1938 dans le nord de l’Allemagne. Puis il rejoint la Luftwaffe le 7 novembre 1938 en tant qu’Offiezierbewerber, à 18 ans et demi, il fait ses classes. Selon un processus bien rodé, il est nommé Fahnenjunker (élève-officier) après quatre mois le 13 mars 1939 . Il rejoint la Luftkriegsschule de Fürstenfeldbruck, près de Munich.
Le 1er novembre 1939, alors qu’il es déjà titulaire du brevet de pilote au grade de sergent élève-officier, Marseille est promu Fähnrich (Sous Aspirant ayant grade se sergent) et affecté à la Jagdfliegerschule de Vienne-Schwechat afin de s’y voir dispenser une formation complète de chasseur. Ses dons de pilote et son mordant ne passeront pas inaperçus. Il n’en demeure pas moins d’une sensibilité à fleur de peau et est prêt à tout pour susciter l’admiration y compris en mettant à mal la discipline.
Au début de l’été 1940, après vingt mois de formation, Marseille est affecté à Mersbourg en Saxe, dans une groupe de chasse de recomplètement (Ergänzungs-Jagdgruppe) ayant pour mission la protection des usines Leuna.
Le 10 août 1940, les choses sérieuses s’engagent. Il se retrouve en première ligne à la 1ere escadrille du Jagd/Lehrgeschwader 2 engagé sur le front de la Manche dans le cadre de l’initiation de la bataille d’Angleterre. Son terrain est celui de Calais-Marck, son groupe est alors attaché à l’état-major de la JG52.
Le 24 août, lors d’une première rencontre avec l’ennemi son Bf. 109 E-7 s’oppose à un Hurricane MkI. Il démontre des qualités égales au pilote anglais expérimenté qui lui fait face, mais sa capacité de réaction plus rapide fait la différence ; il sort vainqueur d’un combat tournoyant en l’espace de quatre minutes. A son retour, il confie : « Je ne l’ai pas fait de gaité de cœur. ». Sa hiérarchie lui fait vertement comprendre qu’une telle sensiblerie n’est en aucun cas de mise ! Sa seconde victoire est obtenue lors de sa deuxième sortie et la croix de fer de 2e classe viens récompenser ses efforts le 9 septembre. Encore deux succès supplémentaires et le 17 c’est celle de 1ére classe qui lui est épinglée.
On se rend compte alors de ses capacités hors normes, doublées d’une audace et d’un engagement tout aussi uniques. Cette indifférence envers la peur n’est pas sans conséquence, il réintègre souvent son terrain avec un appareil criblé de balles. Lors d’une mission, il doit se poser sur le ventre sur la côte même.
Le 29 septembre 1940, au dessus de la Manche, son avion à une brusque extinction du moteur, il doit l’abandonner et se retrouve en mer, obligé de ramer sur son canot pneumatique durant des heures, avant d’être secouru par un hydravion Heinkel 59 du « Seenotdienst ». A bout de forces, au bort de la crise de nerfs, il doit être hospitalisé. A cette époque, son comportement est loin d’être exemplaire et il en fait souvent à sa tête, au regard des ordres qui lui sont donnés. Les punitions qu’il reçoit ne font que renforcer son indiscipline.
Marseille achève la Bataille d’Angleterre avec sept victoire à son tableau de chasse, dont quatre abattues sans témoins et après avoir détruit lui même quatre Bf.109 qui étaient ses propres montures.
Le 24 décembre 1940, le Fähnrich Marseille est muté. Il intègre le 4e groupe de la JG52. Sous commandement d’un futur as, l’Oberleutnant Johannes Steinhoff. Celui-ci, ne voit, en Marseille, qu’un chien fou consacrant trop de temps aux conquêtes féminines. Certes il reconnaît ses qualités, mais toutes importantes qu’elles soient, elles ne peuvent contre balancer la légèreté dont fait preuve le jeune aviateur à ses yeux. Il finit par s’en débarrasser en le faisant affecter à la 3e escadrille du I/ JG 27 le 21 février 1941, stationnée au repos à Döberitz en banlieue berlinoise. En mars, le groupe fait mouvement vers la Lombardie près de Brescia. La situation évoluant dans les Balkans, engendre un retour inopiné sur Graz, en Styrie et la 3e escadrille participe à l’attaque contre la Yougoslavie, dès le premier jour, le 6 avril. Marseille est alors promu Oberfähnrich (aspirant) et dirige une Schwarm (patrouille double de 4 appareils) chargée de la couverture en altitude. Son Emil serra touché par la DCA, mais il réussira à le ramener jusqu'à Graz.
Le 10 avril, mouvement sur Agram (Zagreb en Croatie) puis retour au pays vers l’aérodrome de Munchen-Riem. Le même mois d’avril, voit le I/JG27 gagner le nouveau théâtre d’opération libyen et s’installer sur le terrain D’Aïn al Gazala. La 3e escadrille dirigée par l’Oberleutnant Homuth s’envole de Gela, en Sicile, pour atteindre Castel Benito, en Tripolitaine, où l’équipe de ravitaillement essence demeure introuvable.
Marseille, envoyé aux nouvelles sur son « 13 jaune », un 109 E tropicalisé, doit se poser d’urgence avant même d’avoir pu rejoindre Syrte. Il sera de retour à Gazala le 22 avril dans l’Opel Admiral du général Hellmann !
Les directives du Xe Fliegerkorps auquel appartiens le I/JG27, sont, avec les Stukas, d’attaquer les convois maritimes en Méditerranée et les troupes terrestres sur la Lybie. Le Jagdgruppe du Major Neumann seule unité de chasse présente sur ce front doit assurer leur protection.
Le 23 avril 1941, l’Oberfähnrich Marseille est aux commande d’un nouvel Emil, le « 14 jaune » et se trouve être chef d’une Rotte (patrouille de trois avions) en escorte des Ju87 qui bombardent Tobrouk. Durant la seconde mission de la journée, sept Hurricane du 73e Squadron les engagent et abattent un des 109. Marseille aperçoit deux appareils ennemis en avant et au dessous, il fait un demi tonneau pique et ouvre le feu… Le Hurricane tombe en spirale. C’est son premier succès en terre africaine. Au soleil couchant, lors de la troisième mission de la journée une parité de 20 Stuka et Bf. 109 prenent les airs. Marseille se fait toucher par un Hurricane du 73 Squadron piloté par un Français, le sous-lieutenant Denis. Il réussis tout de même à rejoindre Gazala, mais son avion doit se poser sur le ventre, percé qu’il est de trente impacts !
28 avril 1941.
Retour dans les cieux de Tobrouk, doté d’une acuité visuelle hors du commun, Jochen repère avant ses coéquipiers un bimoteur Bristol Blenheim du 45e Squadron au décollage. Le bombardier est engagé à 20 mètres de distance et deviens sa 9e victoire, la seconde en Afrique.
1er mai. Encore une escorte Stuka pour le compte du 3e Staffel, elle mobilise huit appareils. La Schwarm basse est dirigée par l’Oberleutnant Homuth, la haute échoit à Marseille. A l’aplomb du fort d’Arcoma, Jochen aperçois avant tous l’ennemi, des Hurricane au nombre de six du 274e Squadron. Il est le premier à les engager et abat deux appareils (ses 10e et 11e victoires).
Mai 1941, c’est le calme avant la tempête de juin. Les Anglais ont terminé les préparatifs de leur contre-offensive en début de mois. Ils aligneront 100 chasseurs composant dix Squadrons, dont un équipé de Curtiss P-40 Tomahawk flambants neufs. Pour sa part, la Luftwaffe ne peut faire face qu’avec 60 Me. 109 et 110 renforcés par 70 chasseurs italiens. Les choses sérieuses s’initient le 14 juin. Au cours d’une mission d’escorte de Stuka sur Tobrouk, l’avion de Marseille, qui entre temps à été promu Leutnant le 1er juin, est copieusement « assaisonné » et moteur touché, le tout frais officier doit atterrir train rentré dans les lignes ennemies, ne retrouvant les siens qu’après une longue marche.
Deux jours plus tard, il est de nouveau contraint à un atterrissage forcé. Ne respectant aucune règles de l’engagement aérien, se jetant au beau milieu de l’ennemi pour y semer la panique, il rentre bien souvent avec une machine ressemblant à une passoire.
Les réactions ne se font pas attendre. Le Major « Edu » Neumann dirigeant le I/JG27 après lui avoir tressé des lauriers pour ses victoires d’avril, change radicalement de discours : « Contrôlez vos nerfs ! Ce que vous faites n’est que pure folie ! Vous trichez avec la mort. De plus vous plantez vos zincs dans les sables les uns après les autres. Je sais que vous êtes un bon pilote …. Je préférerai que vous descendiez un adversaire tous les quatre jours plutôt que de revenir avec une machine bonne pour la casse tous les deux jours ! »
Meumann comprends dès lors, que le jeune officier est à un tournant. Soit Marseille deviens un boulet pour ses supérieurs, soit il se transforme en un as de la chasse.
Epaulé par l’Oberleutnant Ludwig Franzisket dirigeant la 3e escadrille, ils savent tout deux tout le potentiel qui est en Marseille. Certes à son arrivée, le dossier peu flatteur de Marseille mettant en exergue son indiscipline et sa vantardise, ne lui valu que méfiance. Mais ses chefs comprennent qu’il a besoin d’être pleinement intégré au groupe et mis en confiance. Cela n’ pas été toujours le cas, son Staffelkapitän, l’Oberleutnant Homuth, n’a pas fait preuve d’une compréhension exemplaire, aboutissant au final à un sentiment de mise à l’écart du futur « Experte ».
Quoi qu’il en soit, Jochen à déjà mis au point sa manœuvre d’attaque qui le rendra célèbre. En consiste essentiellement sur la précision de son tir proche de l’absolue perfection. Revers de la médaille, une prise de risques maximale : alors que les chasseurs ennemis évoluent la plupart du temps en cercle défensif, lui pique une ou deux fois en leur milieu évaluant sa meilleure victime potentielle. La fois suivante, plein gaz, il monte pour réaliser un demi-looping ainsi qu’un demi tonneau ouvrant le feu sur sa victime sur le dos et en virant, jaugeant avec une diabolique précision le point de rencontre des ses rafales et de l’avion ennemi. A cela il faut ajouter une résistance physique peu commune, car bien des pilotes auraient perdu connaissance à la suite de ces manœuvres.
Heureusement pour Jochen, il bénéficie de la bienveillance de Neumann, ce qui va sensiblement jouer en sa faveur au cours de cet été. Le 17 juin en escorte de Stuka du II/St.G.2 ayant pour objectif Tobrouk, il met au tapis deux Hurricane près du col d’Halfaya, ses cinquième et sixièmes succès en terre Lybienne.
Dès lors, passé une permission dans la capitale du Reich, il vas atteindre le sommet de son art et son Messerschmitt devient le prolongement de son bras.
Pendant ce temps, deux Ritterkreuze sont venues récompenser les victoires du I/JG27, elles sont accordées à l’Oberleutnant Homuth chef de la 3e Staffel et le 9 juillet à l’Obertleutnant Redich.
Vingt deux projectiles de 20mm sont seulement nécessaires à Marseille pour s’adjoindre sa 16e victoire en ce 9 septembre 1941, un Hurricane touché au dessus de la baie de Sollum. C’est le même jour et au même endroit que tombe un autre Hurricane du 33e Squadron, portant son total à 17 victoires.
Pendant la période comprise entre le 13 et le 19 septembre, renfort de poids pour le groupe de chasse de Neumann en Lybie, le IIe groupe de la JG 27 fort de ses 141 succès sur le front russe, vient épauler avec ses Me 109 F-4/Top les vieux Emil.
Cette arrivé tombe à pic car dans le même temps, les britannique de la Western Désert Air Force, déploient des Wings (groupes) complets, alors que jusqu’à présent, les allemands n’avaient à faire qu’à de simples escadrilles.
Au matin du 24 septembre, au sud de Gambut, le Leutnant Marseille signe son 19e succès en disposant d’un Maryland appartenant au 24e Squadron sud-africain.
L’après midi même c’est « Freijagd » (chasse libre) et le premier groupe de la JG 27 se retrouve face à face à une nuée de Hurricane provenant du 35 Squadron de la RAAF ainsi que du 1er Squadron de la SAAF. Après avoir formé un Lufbery défensif, la 3e escadrille pique de 6000 m. Au mépris de toute procédure, Marseille engage le combat et ouvre le feu dans des positions inimaginables, s’octroyant au passage quatre nouveaux succès à l’intérieur même d’un cercle défensif allié de plus en plus resserré.
Cerise sur le gâteau lorsque son officier supérieur l’Oberleutnant Homuth lui intime l’ordre de désengagement, Marseille s’en sort sans le moindre impact dans son Me 109. Pour cet exploit, le I/JG27 est cité pour la première fois au communiqué de la Wehrmacht et Marseille d’obtenir les félicitations d’ « Edu » Neumann. »
C’est alors le commencement de la légende, que les Allemands baptiseront « Der Sterne von Afrika » (L’étoile d’Afrique).
Ce sont deux Curtiss Tomahawk appartenant au 2e SAAF et 3e RAAF Squadron, ses premiers, qui tombent à Bir Sheferzen, portant le score de l’as à 25 unités. Si les P40 virent plus sec que les 109, il n’en demeurent pas moins inférieurs en vitesse ascensionnelle ou horizontale.
Alors que le I groupe touche ses 109 F-4 trop à l’instar du IIe groupe qui les possède depuis le 3 octobre 1941, les troupes du Commenwealth se renforcent en masse.
Cela n’empêche nullement Marseille d’obtenir une nouvelle décoration, l’Ehrenpokal, (Ehrenpokal für besondere Leistung im Luftkrieg. Coupe d’honneur pour exploits exceptionnels dans la guerre aérienne) qui gratifie les personnels navigants déjà récipiendaire de la croix de fer de 1ére classe.
Dès lors tout vas très vite. Le 24 octobre, c’est la croix allemande en or qui lui est attribuée, décoration qui lui serra épinglée par son commandant de groupe en présence du Generalfeldmarshall Kesselring.
Pendant ce temps l’adversaire engage l’opération Crusader le 18 novembre, mobilisant un millier de blindés et le même nombre d’avions. Le II/JG27 encaisse la charge des engagement aériens seul, car le I groupe ne serra au complet en Lybie que le 4 décembre, occupé qu’il est à sa conversion en Allemagne du F-4.
Pour fêter sa nouvelle monture, un « Friedrich » flambant neuf arborant le 14 jaune sur ses flancs, Jochen abat un Hurricane du 274e Squadron. Puis entre le 6 et le 8 décembre, ce sont quatre succès supplémentaire qui créditent le score de Marseille à 31 victoires.
Ces succès ne cachent pourtant pas l’avancée irrésistible des troupes britanniques. La JG 27 se replie sur Tmimi et Marseille atteint son 35e succès les 17 décembre au nord de Martubah. Heureusement pour les Allemands le retour du Stab de la JG 27 ainsi que son IIIe groupe, permet à l’escadre d’être à au complet pour la première fois depuis la bataille d’Angleterre.
A Noël 1941, la JG 27 se rassemble près de Syrthe, mais hommes et matériels sont fatigués les rechanges arrivant par voies maritimes étant plus que perturbées, ce ne sont que 18 appareils qui se retrouvent opérationnels sur 70 !
Marseille n’est pas le dernier à en pâtir. A la fin du mois de décembre il doit même être orienté sur un hôpital militaire d’Athènes. Période difficile d’autant qu’il est meurtri par un triste nouvelle, la disparition de sa sœur. De retour à Berlin, il apprendra qu’elle a été assassinée par un amant jaloux.
De retour en Lybie en janvier 1942, il montre encore les traces de sa maladie ainsi que de son affliction et sa jovialité devient forcée.
Dans les premiers jours de février, la JG 27 occupe le terrain de Martubah.
Lors d’un retour de mission le 8 février, juste avant de se poser, la radio crépite dans ses oreilles et lui annonce « Sept Curtiss derrière vous ! ». Il rétracte son train, s’engage sur la gauche et grimpe à grande vitesse. Il neutralise trois Tomahawk au dessus du terrain de Martubah. Non content de ces succès, dans l’après midi, Jochen a la poursuite de Blenheim escortés de trois Squadrons, descend son quatrième Curtiss de la journée portant son crédit à 40 victoires. Il est alors le N°1 en Afrique devant l’Oberleutnant Homuth totalisant 39 victoires.
Le 13 février après quatre succès la veille il touche un Hurricane qui se désintègre si près de lui que des débris endommagent son radiateur et font stopper quelques instant plus tard son moteur.
Heureusement pour lui, il est à une altitude suffisante pour rejoindre les siens en vol plané. C’est alors que vas se produire l’incroyable. Apercevant un appareil ennemi sous lui, il fait son maximum pour reprendre un peu d’altitude ; une poussée sur les pédales, un « S » dédoublé pour avoir suffisamment de vitesse en piqué, une rafale de quelques secondes …. Et le Hurricane se renverse sur le dos et s’écrase. Marseille est de retour à Martubah sans soucis …. Son moteur est toujours calé !
Ses 47e à 50e victoires, Jochen les acquièrent entre le 15 et le 21 février en mettant au tapis quatre nouveaux Curtiss au dessus de Gambut. En fin de journée le 22 février, le maréchal Kesselring en personne, contactant le PC de la I/JG27, informe Marseille que le Führer vient de lui attribuer la Ritterkreuz. Elle lui est remise le 24.
Ce sont deux Curtiss qui mordent la poussière près de Bir el Gobi le 27 février aux environs de midi, ce qui lui permet de bénéficier d’une permission de plusieurs semaines en Allemagne.
Pauke Pauke- Président
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Der Sterne von Afrika .... suite
Le 18 avril 1942, le I/JG27 célèbre son premier anniversaire en Lybie. Le 25 Jochen rejoint son unité et affiche une humeur beaucoup plus joviale. Le premier mai il est promu Oberleutnant et totalise 54 victoires.
C’est un homme neuf qui rejoint le front, entièrement équilibré psychologiquement grâce à l’intelligence bienveillante du Major Neumann, il est toutefois à l’opposé d’un tueur froid et méthodique ; aussi simple qu’insouciant d’apparence, il est désormais bien intégré auprès de ses camarades pilotes, mais sans posséder les qualités d’un instructeur ou d’un chef.
Pendant le mois de mai, Marseille voit sont score augmenter de 14 appareils ennemis supplémentaires. Mais c’est juin 1942 qui vas consacrer l’excellence de l’Etoile d’Afrique et le porter a un niveau jamais atteint. Le 3 juin six avions de la 3e escadrille assurent la couverture haute de stuka de la St.G. 3 ayant pour objectif Bir Hakeim. Les Bf 109 F-4 Top du groupe de Marseille effectuent de larges cercles à une altitude de 2000 m. Soudain , dans les écouteurs crépite le message suivant « Attention ! Indiens au sud, 1000 mètre plus haut ! ». L’espace d’un instant et Marseille est déjà sur les Curtiss qui forment aussitôt un cercle défensif. Le célèbre « 14 jaune » plonge au centre du cercle et une brève rafale plus tard, le premier Tomahawk s’écrase en flammes. Désagréable surprise, le canon de 20mm du 109 s’enraye et Marseille doit continuer le combat avec ses seule mitrailleuse de nez de 7,92 mm. Le combat se poursuit et dure 12 minutes.
Jochen quelque peu perdu interroge son ailier Rainer Pöttgen : « Elbe1 à Elbe2, as tu fait le compte ? »
De retour sur le terrain de Tmimi, il est porté en triomphe par l’ensemble de ses camarades. Les mécanos tirent, non sans stupéfaction, le bilan des munitions consommées : 10 obus de 20 mm pour le canon enrayé, 360 cartouches pour les MG17 de nez, soit une soixantaine pour chaque Curtiss abattu …. Au total c’est 6 avions qui tombèrent sous ses projectiles.
Dès le lendemain, il est cité pour la première fois au Wehrmachtbericht.
Au soir du 4 juin 1942 à la suite de ses 75 victoires homologuées, Marseille apprends qu’il est proposé pour la Ritterkreuz mit Eichenlauben (Croix de chevalier avec feuilles de chêne). Le 6, la célèbre médaille est à son cou..
Désormais « L’Etoile d’Afrique » est a un niveau quasi surnaturel. Il descends son adversaire quelle que soit l’altitude et sous n’importe quel angle, anticipant ses intentions avant même que celui-ci ne les mettent à exécution. Terminé le flirt avec la mort de l’an passé, il semble jouer et disposer à sa guise des chasseurs ennemis et ce quelque soit leur nombre.
Le 8 juin à la suite de remaniements, l’Oberleutnant Marseille prend le commandement de la 3e escadrille de la JG 27. Le 10 juin alors que les Stuka et les Ju 88 bombardent Bir Hakeim, l’ensemble des groupes sont en l’air. Ce jour là Marseille s’octroie quatre nouveaux succès portant son score à 81 appareils ennemis abattus. Dès lors les missions s’enchainent et il n’est pas rare de voir Jochen triompher en une sortie de trois à quatre adversaires. Cette situation lui est aussi facilité par le comportement de ses coéquipiers qui font tout pour protéger leur Staffelkapitän dès qu’il s’engage dans des manœuvres que seul lui est capable d’exécuter.
Le 16 juin la JG 27 à de nouveau la possibilité de s’installer sur les pistes d’AÏn al Gazala qui avait été abandonnées en décembre. Dès le lendemain un groupe de 4 Me 109 conduits par Marseille se trouvent confrontés à une trentaine de Hurricaine et de Curtiss entre Gambut et Raz Azeiz. Deux passes suffisent pour que l’as abatte deux de ses adversaires. Son compteur personnel se trouve alors à 99 victoires. Dans ses écouteurs, la voix amicale d’un ailier s’enthousiasme « Et maintenant, ton centième, Jochen ! ». Il ne faut pas attendre longtemps, un chasseur ennemi ayant décollé de Gambut et évoluant à une centaine de mètre d’altitude, tombe sous ses balles. Bilan, en sept minutes, cinq victoires ! Ne s’arrêtant pas pour autant, Marseille repère quelque instant plus tant deux Spitfires en mission de reconnaissance à haute altitude. Ces appareils sont tout récents dans les cieux d’Afrique. Le temps de grimper à grande vélocité et c’est son premier « Spit africain » qui est porté à son tableau de chasse.
Le retour à Gazala est à la hauteur de l’exploit. Jochen y arrive totalement épuisé et à bout, comme le constate Le Major Neumann qui l’accueille avec ces mots « Merci Seille, c’était grand ! Mais maintenant, je ne veux plus vous voir. Demain direction l’Allemagne, pas de protestations, les ordres sont formels vous allez recevoir les feuilles de chêne et épées à Rastenbourg des mains même du Führer . »
Le 18 juin, l’Oberleutnant Marseille est le 11e pilote de chasse allemand à avoir atteint le score de 100 victoires et le 10e à se voir attribués les « Schwerten » à la même date.
Ordre de permission en poche, le Staffelkapitän de la III/JG27 se retrouve à Benghazi, puis 48H plus tard, c’est Naples, Rome et enfin Berlin Tempelhof, tout ému mais ne réalisant pas encore qu’il est devenu un héros national.
Au « Führerhauptquartier » de Rastenbourg en Prusse orientale. Le Chancelier lui remet les insignes de la croix de chevalier avec feuilles de chêne et épées.
A l’étonnement de Marseille, le Chancelier est très au fait de son action, y compris dans de petits détails. Il demande à son interlocuteur de lui parler sans retenue et avec franchise, ce que ne manque pas de faire le tout nouveau décoré. Il en profite pour insister sur l’insuffisance patente du nombre de chasseurs allemand disponibles sur le théâtre africain.
Le Reichmarshall Hermann Göring l’invite ensuite à Karinhall et le reçoit fastueusement en s’enquérant, comme ancien pilote de chasse, de sa technique si particulière au combat.
Tout comme la plupart des « Experten » de la chasse, l’étape suivante est une visite à Ausbourg auprès du professeur Willy Messerschmitt. Le célèbre concepteur aéronautique, réalise ce que les faits ont déjà démontré. Devant lui se tiens un pilote maitrisant sa machine à la perfection et capable de tirer la quintessence de son 109, aussi bien à faible vitesse, en virages serrés ou a très faible altitude. Tout cela est d’autant plus stupéfiant, qu’il semble diriger ses commandes sans y penser, vouant toute son attention à l’attaque.
Marseille achève sa tournée des « huiles » avec une entrevue auprès du docteur Goebbels et de sa famille. Berlinois tout deux, ils apprécient leur humour mordant réciproque. Le ministre de la propagande lui demande de rester en vie afin de faire partager son expérience du vol aux générations futures.
Toutes ces mondanités laissent peu de temps pour aux proches, ses parents et sa fiancée, Hanneliese Küppers, une institutrice.
La nouvelle qu’apprend Marseille le 6 août 1942, va l’obliger à quelques mondanités supplémentaires. En effet, le GQG Italien l’informe que le Duce souhaite lui décerné la « Médaglia d’oro al Valore Militare », l’une des plus hautes distinctions militaire du Royaume d’Italie. Il se rendra donc à Rome le 13 août, mais avec sa fiancée, où Bénito Mussolini en personne lui remettra la prestigieuse décoration.
Marseille réintègre son groupe et l’escadrille de la JG 27 le 23 août sur le terrain de Turbiya en Egypte. Le statut et l’ordinaire, se sont considérablement améliorés. La tente de l’Oberleutnant Marseille est parfaitement aménagée, dotée d’un bar, et d’un serviteur en livrée blanche, en la personne d’un zoulou de l’armée Sud-Africaine fait prisonnier à Tobrouk le 21 juin précédent. « Mathias », de son vrai nom Matthew Letulu. Grâce à sa maîtrise de l’allemand il deviendra son ordonnance et vouera à Jochen un véritable culte. Parmi les disques rapportés, Marseille choisira la « Rhumba Azul » qui deviendra sa signature et celle du 3e Staffel.
Au matin du 24 août 1942, le commandant par intérim, le Leutnant Friedrich Hoffman, remets les rennes à son chef, qui touche un nouveau 109 F-4/ Trop frappé du « 14 jaune » et consciencieusement poli par les mécanos pour en améliorer légèrement la rapidité. Pourtant, depuis la fin juillet, arrivent les premiers 109 G. En cette fin août, les forces aériennes germaniques s’organisent comme suit ; 88 Me 109 sont affectés respectivement entre la JG 27 et le III/JG53, qui serras lui même épaulé par un groupe supplémentaire à compter du 28 août. L’ensemble des ces éléments sont sous l’autorité du « Fliegerführer Afrika » (2e flotte aérienne). Mais hommes et machines souffrent. Ces dernières sont en but a des destructions lors des bombardements alliés des terrains allemands, quant aux pilotes les relèves se font de façon de plus en plus distendue.
Malgré cela, Marseille à fait des émules ; le Leutnant Stahlschmidt a abattu 25 ennemis rien que sur juillet et l’Oberleutnant Karl-Heinz Bendert du IIe groupe s’est octroyé 23 succès en août.
Lorsque le 1er septembre arrive, Jochen ne se doute pas que ce jour deviendra une date historique pour lui. A 7h 56 , les Stuka sont a nouveau dans les airs accompagnés par 15 chasseurs du premier groupe de la JG 27. Ils seront bientôt renforcés par 20 autres 109 des III/JG27 et III/JG53. La protection des bombardiers est une priorité pour le commandement de l’Axe.
Les Allemands ont a faire face à une attaque au Sud-est d’Imayid et Marseille aperçoit, comme à l’accoutumée, en premier les 16 machines. Trois Curtiss sont au tapis en moins de cinq minutes.
Mais surgissant à haute altitude, Six Spitfire menacent directement Marseille et son ailier l’Oberleutnant Jost Schlang. Jochen engage deux courts virages et descend son quatrième appareil dès 8h 39. A son retour à la base, les personnels constatent avec stupéfaction, qu’il n’a consommé que 80 obus de 20mm et 240 cartouches de 7,92mm ! Les pleins sont refaits et déjà une nouvelle mission se profile, escorte de Stukas sur Alam el Halfa. D’entrée de jeu, l’opposition est virulente. Huit Curtiss se ruent sur les 109. Comme d’habitude l’as Allemand ne s’en laisse pas compter et ajoute deux nouveaux chasseurs à son actif. Les Lufbery défensifs mis en place ne sont d’aucun secours aux pilotes britanniques. Quatre nouvelles machines tombent sous les balles de Marseille. L’ensemble du groupe allemand reprend de la hauteur et leur chef après avoir vu une formation de Curtiss, s’en arroge encore deux. Dix minutes ont suffit pour abattre huit chasseurs ennemis !
En toute objectivité, il faut reconnaître que son Schwarmm lui a assuré une couverture indispensable, ce qui ne minimise en rien un tel exploit.
De retour sur son terrain, son pneu gauche éclate à l’atterrissage, mais l ‘ »Expert », grâce a un pilotage des plus précis, évite tout accident. Il sort cependant totalement épuisé de la cabine de son Messerschmitt. Son chef le Major Neumann en reste muet d’admiration. Incapable d’assurer la troisième mission de la journée, il repart avec ses camarades pour la quatrième opération de la journée à 17 heures avec 20 Bf 109 pour une escorte de Ju 88. Tout ce beau monde ne tarde pas à être intercepté par une quinzaine d’Hurricane et de Curtiss, visant prioritairement les bombardiers.
En six minutes, de 17h 47 à 17h 53, ce sont cinq nouvelles victimes du 213e Squadron qui tombent sous les coups de Jochen. En trois missions, sur une journée, Il à donc triomphé à 17 reprises de ses adversaires à lui tout seul, sur un total de 27 victoires revendiquées par la JG 27 cette journée.
Un fait d’armes sans précédent (Un seul pilote allemand le dépassera, l’Oberleutnant Emil Lang de la V/JG54 en abattant 18 appareils soviétiques dans la même journée en décembre 1943).
Le lendemain, 2 septembre, cité une quatrième fois au wehrmachtbericht pour ses exploits, il réitère en abattant cinq avions, portant son crédit à 126 victoires. Le 3 septembre sur proposition du Major Neumann relayée par le GFM Kesselring, lui sont attribués les « Brillianten ». L’information lui est directement délivrée par Kesselring qui lui téléphone au PC du Groupe. Il est le quatrième récipiendaire après Mölders, Galland, et Gollob). Ce même jour, afin de neutraliser des formation de bombardiers épaulant une contre offensive Britannique, Marseille descend six nouveaux chasseurs d’escorte et c’est encore quatre de plus le 5 et encore 4 le 6 septembre. Son compteur personnel atteint ….. 14O victoires.
Si le 7 septembre, Jochen ajoute deux nouveau succès a son tableau, cela ne lui fait pas oublier la douleur de la perte de son plus cher camarade du Ier groupe le Leutnant « Fiffi » Stahlschmidt, commandant la 2e Staffel, porté disparu dans le même secteur des deux victoires de Marseille au sud-est d’El-Alamein.
Le soir, est remis à l’Oberleutnant Marseille un radiotélégramme, émanant, rien de moins, que du Reichmarshall Göring, qui le félicite sans ambages : « Restez assuré, mon cher Marseille, qu’avec moi le peuple allemand dans son entier voit en vous l’un des plus grands héros de cette guerre ».
Puis d’autres télégrammes se succèdent, signés du Docteur Goebbels, de Joachim Von Ribbentrop, ministre des affaires étrangères, du Generalfeldmarshall Milch, directeur du matériel de la Luftwaffe. Mais celui auquel il serra le plus sensible, proviendra d’Erwin Rommel commandant en chef de l’Afrikakorps, surtout lorsque l’on sait qu’il n’entretenait guère de bons rapports avec les aviateurs.
Au cour de la journée du 15 septembre, des 11 victoires revendiquées par le I/JG27, Marseille se taille la part du lion avec 7 succès obtenu en 11 minutes, il atteint les 150 appareils abattus. Seul deux « Experten » combattant sur le front de l’Est l’ont précédé : le Major Gordon Gollob, commandant la JG 77 (score atteint le 29 août) et l’Oberleutnant Hermann Graf, commandant la 5/JG52 (qui se porte à ce niveau le 4septembre). Il faut tout de même porter au crédit de Marseille, que ses victoires furent obtenues face aux alliés occidentaux, « clients » bien plus redoutables.
Le lendemain, 16 septembre, invitation au Grand Quartier Général de la Panzer Armée germano-italienne, où Erwin Rommel, tient à le féliciter personnellement.
Pour la cinquième fois le communiqué de la Wehrmacht le cite pour ses faits de bravoure au combat. De retour le soir au PC du Ier groupe à Turbiya, son chef le Major Neumann lui annonce sa promotion au grade d’Hauptmann et ce à 22 ans ! Sous les acclamations de ses camarades du 3e staffel et des commandants de groupe la soirée se termine aux sons de la Rhumba Azul.
Malheureusement pour Marseille, lors de sa mission suivante il va endommager son appareil en atterrissant train rentré et se blesse au bras, ce qui lui vaudra une indisponibilité de vol jusqu’au 26 septembre. Marseille reprend sa monture pour une interception au dessus d’El-daba, où il croise huit Hurricane et deux Spitfire. En cinq minutes, de 9h 10 à 9h 15 ce sont trois victoires supplémentaires qui sont portés à son crédit. Au menu de l’après midi escorte de Stuka. Se sont pas moins de 33 chasseurs de la JG 27 dont 9 du Ier groupe qui montent en ligne. Comme à l’accoutumée, Jochen visualise en premier les adversaires et anticipe immédiatement leurs intentions. Mettant à profit ses facultés d’acrobate, il abat un Curtiss et trois Spitfire. Sa toute dernière victime est un Spitfire MkV. Rien que sur le moi écoulé, ce n’est pas moins de 57 victoires qui sont acquises.
Marseille semble invincible. Qui pourrait le stopper ?
Mais les choses ne sont pas si simples. Lorsqu’il se pose sur le terrain de Turbiya, il n’est plus que l’ombre de lui même. Ses mains tremblent pour attraper la cigarette qui lui est tendue par son mécanicien Meyer. Il déclare : »Un adversaire terrible. Jamais aucun n’as combattu comme il l’a fait. J’ignore comment les choses tourneront la fois prochaine. »
Deux journées se passent et le Generalfeldmarshall Rommel en personne l’appelle afin qu’il l’accompagne à Berlin pour être avec lui au côtés du Führer lors de son discours du 30 septembre au Sportpalast. Tout autre que Marseille serrait honoré d’une telle proposition, mais Jochen craint qu’une acceptation ne le prive de la permission de Noël en famille durant laquelle il souhaite épouser Hanneliesse.
Vient alors le funeste jour du 30 septembre 1942. En matinée, les Stuka, comme à leur habitude, ont pour objectif le bombardement de convois et positions britanniques. A 10h 47, la 3e escadrille prends l’air, emmenée par son Staffelkapitän, qui entame alors sa 388e mission de guerre : huit appareils sont chargés de la couverture haute des Ju 87. Ils sont rejoints trois minutes plus tard par 15 chasseurs du III/JG 27 qui assureront la protections éloignée, l’escorte rapprochée étant dévolue à dix chasseurs du III/JG53.
Depuis son PC de Quotifaya, le major Neumann dirige Marseille et son escadrille vers une formation ennemie repéré au sud d’Imayid, mais celle-ci refuse le combat et s’enfuie.
Pour cette opération, Jochen, qui d’habitude utilise comme monture un Me 109 F-4/Trop, a changé pour un Me 109 G2/Trop sortant d’usine et qu’il pilote au combat pour la première fois. Après que les Stuka se soient acquittés du largage de leurs bombes, la 3e Staffel les rejoint.
A 11h 30 au PC de la JG27 du Major Neumann le récepteur radio au milieu de la friture laisse filtrer « Motor brennt ! (moteur en feu !) » Immédiatement, l’opérateur s’enquière de l’émetteur et s’aperçois que le message provient de l’Hauptmann Marseille. « De Elbe 1, forte émission de fumée dans poste de pilotage. Je n’y vois plus rien ! ». Neumann attrape sa carte : la 3e escadrille évolue à 40 km des lignes allemandes, ce qui représente 5mn de vol.
Les camarades de Marseille voient qu’une fumée blanche de plus en plus conséquente s’échappe du moteur du « 14 jaune » sans trace de flamme toutefois. « Encore trois minutes, Jochen ! On vous ramène » lui dit son ailier. Les 109 de Schlang et de Rainer Pöttgen se sont positionnés de part et d’autre de la machine en difficulté et ce au plus près possible, l’aidant par radio à maintenir le cap. 11h 35, Marseille s’inquiète ; « Sommes-nous au dessus de nos lignes maintenant ? » « Encore deux minutes, Jochen », répond Pöttgen. Les deux ailiers ne peuvent constater impuissants, que dans le cockpit enfumé c’est un visage anxieux et blême qui est offert à leurs regards.
Le Major Neumann interviens « Elbe 1, sautez maintenant ! ». Pas de réponse. Le « 14 jaune » s’est considérablement rapproché du sol. L’escadrille est maintenant à l ‘aplomb de la mosquée blanche de Sidi Abd el Rahmann, c’est à dire dans les lignes allemandes, en l’occurrence celles de la 15e Panzerdivision.
Une ultime fois, Marseille se fait entendre « Je dois sauter, je ne peux plus tenir ! » Ses camarades voient alors la machine effectuer un demi-tonneau, se retrouver sur le dos, puis la verrière s’ouvre et un corps apparaît…
Schlang et Pöttgen engagent un virage serré pour ne rien perdre du saut du pilote. Mais ils ne voient pas de parachute s’ouvrir. C’est une voix anéantie qui, à 11h 36, annonce dans le réseau : « Jochen est mort »
L’examen de la dépouille et des restes du 109 permettra de conclure, que la machine s’est engagée dans un piqué à 200 mètres du sol, sans que Marseille ne s’en rende compte.
En s’éjectant Marseille s’est retrouvé violemment projeté contre la dérive. Il ne pu ouvrir son parachute car il perdit immédiatement connaissance. C’est le médecin chef du 115 Panzergrenadier Regiment, l’Oberartz Bick, qui est le premier à être auprès du corps. La cage thoracique est atteinte et le crâne disloqué. Il lui faudra examiner les décorations et le Soldbuch du pilote pour réaliser l’identité de la victime.
Sur le terrain de Turbiya, une dernière fois, le Leutnant Schlang laisse s’égrainer la mélodie de la Rhumba Azul, si chère à Marseille.
Le corps de Marseille serras transporté en Ju52 au « cimetière des héros » de la Panzer Armée Afrika à Derna. Le 1er octobre après une veillée funèbre Germano-italienne, la cérémonie d’inhumation est présidée par le Generalfeldmarshall Kesselring.
L’unité de Marseille la III/JG27 lui adresse un dernier hommage en passant aile dans aile au dessus de sa tombe.
Plus tard, le corps sera transporté au mémorial de Tobrouk.
En ce premier octobre le communiqué de la wehrmacht mentionnera pour la cinquième et dernière fois le nom de l’Hauptmann Hans-Joachim Marseille, disparu invaincu à l’âge de 22 ans.
En terre d’Afrique, il devint ambitieux dans le bon sens du terme et modifiât du tout au tout son caractère. Trop individualiste et impatient pour faire un bon leader ou un parfait instructeur, cela n’empêchât pas ses pilotes de l’adorer. En toutes circonstances il les protégeait, les ramenant toujours sains et saufs. Il fût un mélange de légèreté berlinoise et de Champagne français.
Pauke Pauke- Président
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Re: Hans Joachim Marseille
pas mal, j'ai appris qq trucs.., quelle est ta source ?
de l'inspiration enfin pour nos tenues DAK
de l'inspiration enfin pour nos tenues DAK
JagdExperten- Capitaine / Hauptmann
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Re: Hans Joachim Marseille
Je pensais trouver un équipement entier chez Spearhead, mais en DAK, ils n'ont plus grand chose de stock pour l'instant.
Mais bon, j'ai le temps et ils renouvellent régulièrement.
Merci pour toutes ces infos Pauke.
Mais bon, j'ai le temps et ils renouvellent régulièrement.
Merci pour toutes ces infos Pauke.
Re: Hans Joachim Marseille
Pour ceux qui souhaitent entendre le titre préféré de Marseille "Rumba Azul", c'est par ici :
https://www.youtube.com/watch?v=gOECEkUHR10
https://www.youtube.com/watch?v=gOECEkUHR10
Pauke Pauke- Président
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Re: Hans Joachim Marseille
super ce post! très instructif!
Hans-Joachim Marseille- Sergent / Feldwebel
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Date d'inscription : 01/07/2013
Re: Hans Joachim Marseille
Merci pour ces appréciations. Ce n'est qu'une petite partie résumée de la vie d'un pilote très attachant. Il y aurait tant à dire .... dans une suite peut être
Pauke Pauke- Président
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Localisation : Paris
H.J. Marseille
Du beau boulot, en effet. Félicitations.
Pips
Pips
Pips- Colonel / Oberst
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Date d'inscription : 02/01/2013
Re: Hans Joachim Marseille
Un lien avec pas mal de photos inédites
http://www.warhistoryonline.com/war-articles/hans-joachim-marseille-one-of-the-most-amazing-fighter-pilots-of-wwii.html
http://www.warhistoryonline.com/war-articles/hans-joachim-marseille-one-of-the-most-amazing-fighter-pilots-of-wwii.html
JagdExperten- Capitaine / Hauptmann
- Messages : 577
Date d'inscription : 17/01/2012
Re: Hans Joachim Marseille
Effectivement ..... quelques unes complètent de façon intéressante l'article que j'ai réalisé.
Une ou deux me sont inédites, mais c'est pas simple de sortir des sentiers battus
Le 6 avril 1941 au retour d'une mission, mouvementée ....
Jochen aime les chiens
Toujours se couvrir en altitude !
.... et se découvrir à la plage
Avec Hanne-Lies sa fiancée, sur une plage italienne
En avril 1942 a Rome.
Mains en l'air, le chasseur est de retour
Une victoire ...... un cigare
Une ou deux me sont inédites, mais c'est pas simple de sortir des sentiers battus
Le 6 avril 1941 au retour d'une mission, mouvementée ....
Jochen aime les chiens
Toujours se couvrir en altitude !
.... et se découvrir à la plage
Avec Hanne-Lies sa fiancée, sur une plage italienne
En avril 1942 a Rome.
Mains en l'air, le chasseur est de retour
Une victoire ...... un cigare
Pauke Pauke- Président
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Date d'inscription : 21/05/2012
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